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11 February 2013

Gianmaria n’en fait qu’à sa tête !

by Philharmonie Luxemburg

Oui, je sais, le jeu de mots peut vous paraître facile pour ce billet consacré à Gianmaria Testa. Pourtant, il illustre bien le caractère frondeur de cet auteur-compositeur-interprète italien, inclassable et francophile, qui se produira ce mercredi 20 février dans le Grand Auditorium de la Philharmonie Luxembourg. Des textes teintés d’humour acide baignant dans un curieux mélange de jazz, folk, pop et même rock.

LE GORILLE VERSION BERLUSCONI

Cet homme d’idées, fils d’un cultivateur du nord de l’Italie, n’a jamais fait de compromis avec sa musique. Il écrit quand cela lui chante pour dénoncer le système social et politique italien. Je ne suis pas violent, a-t-il un jour confié lors de l’émission Metropolis sur Arte, mais je n’aimerais pas être coincé dans un ascenseur avec notre chef de gouvernement (NdlR : à l’époque, le Premier ministre s’appelait Silvio Berlusconi). Gianmaria Testa veut avant tout raconter des histoires qui dénoncent la cruauté du monde et la bêtise des hommes.

Le parallèle avec Tonton Georges est évident et l’artiste ne s’en est jamais caché. La première chanson qu’il a apprise à l'âge de treize ans, c’était le Gorille de Brassens. La découverte ! Quel réconfort : dans le monde existait quelqu’un pour se moquer des juges dans une chanson. Une chanson, soit dit en passant, dont Gianmaria prend beaucoup de plaisir à intervertir les paroles en remplaçant le juge par un certain Silvio (encore lui !).

LES CHEMINS DE FER... ET DE TRAVERSE

Si le style de Gianmaria Testa est plutôt atypique à l’instar de Paolo Conte dont il partage les origines piémontaises, sa carrière musicale n’est pas triste non plus. Jusqu’en 2007, le chanteur à la voix de rocaille était chef de gare, histoire de ne pas trop dépendre du show-biz. A l’aube de ses 50 ans (il est né en 1958), il décide, après avoir mûrement réfléchi, de donner sa démission. Avec, pour toute réponse de la part du chef du personnel, un cinglant : Signez ici, monsieur Testa. Cela suffira. Et le démissionnaire de conclure : Vingt-cinq années de ma vie qui s’achèvent comme ca ! J’avais envie de lui foutre mon poing dans la gueule, mais j’ai signé et je suis parti. Quand on vous disait qu’il n’était pas violent (je plaisante, Gianmaria, je plaisante !)...

Paradoxalement, au moment de sa démission des chemins de fer italiens, l’ancien chef de gare poète est surtout connu en France et vient à peine de connaître la consécration dans son propre pays. Gianmaria Testa est en effet l’un des derniers chanteurs à donner un concert à l’Olympia à Paris avant sa destruction/reconstruction. Toute la presse italienne, totalement surprise par la prestation inattendue de ce compatriote dans cette salle mythique, salue son talent et le fait connaître auprès du public de la Péninsule.

Un autre chemin de traverse asseoira définitivement la popularité de Gianmaria Testa en Italie. En 2000 sort son quatrième album Il Valzer di un Giorno (La Valse d’un Jour). Contrairement aux habitudes, le CD est distribué dans tous les kiosques à journaux en Italie à un prix spécial. Le succès est fulgurant : 20.000 CD sont édités, tous vendus en une semaine !

ESCLUSIVAMENTE IN ITALIANO

Plus étonnant encore, malgré son succès, Gianmaria Testa continue à chanter en italien, que ce soit à Londres, Paris ou Berlin. Pourquoi donc cet engouement pour un artiste dont on ne comprend pas forcément les textes ?  Euh, c’est une bonne question ! Qu’en dit le principal intéressé ? La chanson permet de communiquer des atmosphères, des sensations. Elle agit comme un métalangage. Quand je suis dans les pays francophones, j’essaie, en disant un petit mot, de faire pénétrer le public dans l’univers de la prochaine chanson.
Et pour les pays non-francophones ? Euh, c’est une deuxième bonne question ! Gianmaria, tu réponds quoi ?  Parfois, je demande à quelqu'un de bilingue dans le public de faire la traduction. Il peut arriver des événements surprenants. Un jour, en Allemagne, pendant un concert, j'entends des gens parler italien. J'invite alors un jeune homme à monter sur scène et s'asseoir à côté de moi. Je parle et je vois qu'il ne traduit pas. Je lui demande pourquoi il ne dit rien. Il me répond : Mais je ne parle pas allemand ! Je suis monté parce qu'il n'y avait plus de place dans la salle…


Ah oui, j’ai oublié de vous mentionner que Gianmaria Testa a aussi un solide sens de l’humour. Mais je pense qu’à la lecture de ce modeste petit billet (hum !), vous vous en êtes rendu compte.

 

À bientôt.

 

 

à noter, la rencontre entre Claude Frisoni et Gianmaria Testa avant le concert. 18h45 dans la Salle de Musique de Chambre